Ressources humaines
Patricia Quilez
Patricia Quilez Esperou est cadre de santé, cheffe de bloc et IBODE (Infirmière de Bloc Opératoire Diplomée d'Etat) au Centre Hospitalier de Béziers depuis 2011.
 
▶ Quel a été votre parcours professionnel ?
 
« Ayant un papa pompier volontaire, le soin et le secours coulaient dans mes veines. J’ai donc intégré l’Institut de Formation d’Aide-soignant du Centre Hospitalier de Carcassonne dès l’obtention du baccalauréat en 1998. En novembre 1999, ma carrière d’aide-soignante débute dans une polyclinique du biterrois, dans un service de soins palliatifs puis en chirurgie générale. Ce sont les échanges avec les infirmières avec lesquelles j’ai travaillé en binôme qui ont déclenché mon envie d’accéder à cette profession. J’ai donc suivi les cours de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers à Béziers entre 2001 et 2004.
A l’obtention de mon diplôme infirmier, j’ai rejoint l’équipe du bloc opératoire au sein d’une polyclinique privée. Là encore, au contact d’infirmières « faisant fonction IBODE » et d’aides-soignantes expérimentées, je développe mes connaissances. Mais au fil du temps, je prends conscience que j’ai bénéficié d’un apprentissage par reproduction et que la formation d’IBODE me permettrait d’acquérir des compétences plus structurées.
En avril 2008, j’ai rejoint le bloc opératoire du Centre Hospitalier de Béziers et, dès octobre, j’intègre pour 18 mois l’école d’IBODE du CHU de Montpellier par le biais de la formation professionnelle. A mon retour de formation, je m’investis dans le groupe de « référents » du secteur de chirurgie vasculaire et me forme à la fonction de régulatrice.
En octobre 2014, je suis nommée faisant fonction cadre de santé au bloc opératoire.
Après un an à l’école de cadre où j’ai obtenu mon diplôme en 2017, je suis titularisée dans ma fonction.
 
▶ Et aujourd’hui, comment appréhendez-vous votre fonction ?
 
Les différentes formations que j’ai suivies m’ont permis d’améliorer mes pratiques et d'appréhender d'autres méthodes de travail, de développer des capacités d’adaptation, d’anticipation et de gestion car, in fine, le travail du cadre de santé ne consiste pas essentiellement à planifier, organiser, coordonner, contrôler. Pour moi, manager, c’est « ménager et aménager ». Le.a cadre de santé doit être attentif.ve à chacun, écouter et être écouté. Il-elle occupe une position d’interface, d’intermédiaire dans les échanges. C’est pourquoi le.a cadre doit nécessairement s’impliquer dans un processus de communication et essayer de construire, avec les professionnel.le.s de terrain, les conditions favorables « au travailler ensemble » afin de prodiguer une prise en soin de qualité à tous les patients.
 
▶ En tant que femme, comment appréhendez-vous votre métier ?
 
En tant que femme, et cheffe de bloc aujourd’hui j’appréhende mieux mon métier qu’au début de mes fonctions. Au début le plus difficile pour moi a été de me positionner.
Le bloc opératoire est un lieu fermé où les contraintes organisationnelles sont prégnantes et où le souci de la performance est quotidien. Les interactions sociales peuvent être complexes et contradictoires, les injonctions collectives se confrontant aux attentes individuelles.
Il m’a été difficile de faire entendre les décisions organisationnelles, qui n’étaient pas comprises ou pouvaient générer du mécontentement et certaines fois des propos déplacés, déstabilisants à mon égard. En général, les relations entre les hommes et les femmes sont complexes. Pour ma part, que nous soyons en accord ou en désaccord, rien n’empêche le respect de l’autre.
 
▶ Pourquoi vous être engagée dans la démarche Egalité Femmes - Hommes initiée à l'hôpital ?
 
Lorsque j’ai été sollicitée par Mr Banyols, le Directeur général du Centre Hospitalier de Béziers, pour intégrer le Copil Egalité Femme - Homme, je n’ai pas réfléchi longtemps avant de dire oui. J’avais envie de m’engager et de m’impliquer dans cette démarche institutionnelle innovante car en dépit des avancées et des efforts réalisés pour renforcer l’égalité et la mixité professionnelles entre les femmes et les hommes, dans les faits, c’est encore difficile.
Ce projet me pousse à m’interroger sur les stéréotypes, sur la place des femmes dans le milieu du travail, sur les conditions d’égalité professionnelles femmes / hommes et le respect des droits des femmes au sein de l’hôpital.
Pour moi, cette démarche est un sujet porteur de valeurs primordiales : l’égalité et le respect.
On est dans un processus qui permet à la femme d’exister dans un collectif qui implique de parler des droits des femmes mais aussi de ceux des hommes. Nous ne sommes pas dans la délation, ni contre les hommes. Nous voulons aller vers une approche positive et utile, concrète et adaptée aux professionnel.le.s du Centre Hospitalier de Béziers.
Se dire qu’il y a des vécus communs à toutes que l’on n’ose pas partager. Se dire que l’on n’est pas toute seule, qu’il est important de créer un réseau de solidarité qui permettrait d’être écoutée, d’écouter, d’oser dire, d’oser être, d’oser faire, de développer la confiance en soi et de construire ensemble…